Créée en 2005, la société Urgentis est présente lors des nombreux bals de carnaval au côté des secouristes. Le dispositif se compose d’un médecin et d’une infirmière urgentistes en mesure de soigner sur place les carnavaleux blessés ou victimes de malaises.

 Par Benjamin Cormier | Publié le 08/03/2017

Un verre, ça va, trois verres, bonjour les dégâts ! prévenait-on dans les années 80. Le slogan s’est évanoui, mais le constat tient bien la forme et les bals de carnaval en sont parfois des exemples patents. Coma éthylique, contusions, traumatismes : pour faire face, les associations organisatrices font depuis longtemps appels à des services de secouristes (Croix Rouge, Ordre de Malte, etc.) lors des rassemblements au Kursaal, qui drainent jusqu’à 10 000 personnes.

Éviter le transfert au CHD Une autre présence, plus inattendue et méconnue, complète ce dispositif depuis plusieurs années : une équipe restreinte du SMUR, comprenant un médecin et une infirmière urgentistes. « Le principe est simple : ils (les secouristes) tournent dans les salles du bal, et nous ramènent les gens », résume Thierry Mraovic, gérant de la structure, dénommée Urgentis. Le but est de « trier » et de soigner sur place et surtout d’éviter un transfert à l’hôpital. « Une soixantaine de carnavaleux passent en moyenne par bal. Hormis les urgences vitales, qui nécessitent un transport au CHD, on les soigne sur place. Si le passage à l’hôpital est recommandé, mais pas urgent, on le reporte au lendemain », poursuit celui qui est aussi président de SOS Médecins. La moitié de l’activité d’Urgentis pendant les bals de carnaval est liée à l’alcool. Le reste est constitué par de la traumatologie, des coups de chaleur, des diabétiques qui n’ont pas pris leur insuline... Depuis le début de la saison, seules deux personnes ont été évacuées vers le CHD, à chaque fois pour un traumatisme au genou.

« Hormis les urgences vitales, qui nécessitent un transport à l’hôpital, on soigne les carnavaleux sur place. »

Tous les bals ne font pas appel à Urgentis, mais la plupart des associations y trouvent un intérêt évident. « C’est une présence qui rassure tout le monde », confiait récemment Jean-Luc Dubois, président des Kakernesches. Même sentiment de confiance réciproque pour Érick Verlet à la Jeune France. Thierry Mraovic étant membre des Corsaires, l’association fait appel à Urgentis depuis le début de son existence, il y a plus de dix ans. Et pour le bal du Printemps (les Snustreraer), ce sera une première, le 18 mars. Pour les carnavaleux vus par le médecin d’Urgentis, l’intervention ne coûte rien du tout. Les associations carnavalesques payent Urgentis, qui rémunère les médecins, embauchés via un contrat ponctuel. Ces derniers sont des praticiens hospitaliers. Après chaque bal, un rapport précis est remis aux associations par Urgentis. Si le nombre de blessés est faible, les risques sont bien réels. « Il en suffit d’un… », glisse Anne-Sophie Fugère, médecin, qui connaît bien le carnaval. « C’est important de faire appel à des urgentistes qui connaissent Dunkerque », confirme Thierry Mraovic. En raison de la menace terroriste et de l’état d’urgence, la sous-préfecture encourage fortement les organisateurs d’événements drainant un public nombreux à avoir recours à une présence médicale d’urgence directement sur place. Urgentis a aussi été sollicité pour les bandes de Saint-Pol et de Coudekerque-Branche.

Outre les bals de carnaval, Urgentis intervient lors d’événements comme des festivals ou des rencontres sportives nécessitant la présence d’un médecin (galas de boxe, Quatre-Jours de Dunkerque, courses de motos, etc.). « Nous sommes en mesure de dimensionner le dispositif prévisionnel de secours en fonction de la manifestation », souligne Thierry Mraovic. Prochainement, la société sera présente au semi-marathon du carnaval le 19 mars, aux Foulées de Petite-Synthe le 2 avril, au triathlon de Bray-Dunes le 3 juin, etc. Urgentis œuvre aussi dans la formation (secourisme, gestes d’urgence, incendie et évacuation, etc.) et délivre des conseils aux particuliers ou collectivités dans la mise en place de défibrillateurs.